Selon les informations publiées par le Comité ZIP de la Rive Nord de l’Estuaire en l’an 2000, le marais s’étendait, à cette époque, sur une superficie de 491 ha. Situé sur la rive gauche (est) de l’estuaire de la Rivière aux Outardes, il se retrouve à l’arrière de dunes qui ont été constituées par les mouvements fluvio-glaciaires et par les dépôts qui s’y sont déposés (dérive littorale). Le marais agit ainsi comme écotone entre l’estuaire et la sapinière.
Le substrat du marais est donc de nature silteuse en raison de l’effet de la végétation sur la dynamique des courants, ce qui favorise la sédimentation des particules fines. Le marais salé comporte plusieurs mares, marelles et canaux de drainage formés naturellement. Ces derniers se remplissent et se vident au gré des marées tandis que les mares et marelles piègent une certaine quantité d’eau à marée basses (entre 10 et 60 cm). Certaines mares du haut marais, dans lesquelles le renouvellement de l’eau est plus rare, peuvent devenir hypersalines (salinité pouvant atteindre 70 PPM; environ 35 PSU pour l’eau de mer).
Le marais salé est le plus important de son type sur la Côte Nord et le quatrième au Québec après ceux du Lac Saint-François, du Cap Tourmente et de celui de l’Isle verte. Seuls les marais de Pointe-aux-Outardes et de l’Isle-Verte sont cependant des marais d’eau salée, les deux autres étant localisés respectivement en eau douce et en eau saumâtre.
Le marais est divisé en trois zones : l’une de 213 ha est constitué de Spartine alterniflore (le bas marais ou schorre inférieur), l’autre de 278 ha est composé d’un haut marais (schorre supérieur) et enfin le marais comprend une herbaçaie salée. On y retrouve la plupart des taxons observés dans les marais salés nordiques de la province avec plus 29 taxons distincts qui ont pu y être répertoriés au courant d’un inventaire dans les années 1990 (Comité ZIP RNE, 2000 in Naturam Environnement 1996). Ainsi, les espèces floristiques suivantes peuvent y être observées : Fucus spp., Spartine alterniflore, Spartine pectinée, Salicorne d’Europe, Plantain maritime, Carex spp., Myrique baumier et Aulne rugueux. L’Iris versicolore est particulièrement présent dans le marais la plupart des années.
En ce qui concerne la faune aquatique, un inventaire effectué en 1995 a relevé la présence d’épinoches par milliers retrouvées au sein des mares et marelles sondées. Quatre espèces d’épinoches ont été observés soit : les épinoches tachetés, à trois, quatre et neuf épines. Ces petits poissons servent de fourrage pour d’autres espèces telles que le Hareng atlantique et l’Éperlan arc-en-ciel. La présence de crevettes de la famille des mysidacées, de crevettes grises, de gammares et de littorines y a aussi été relevée. De plus, de jeunes harengs ont été capturés dans le marais ce qui laisse à penser que ce dernier est leur sert d’aire d’alevinage (Comité ZIP, 2000 in Naturam Environnement 1996). Ces indications démontrent la grande productivité des environs de la péninsule Manicouagan, laquelle est en partie attribuable au marais salé, et de son importance pour la chaine alimentaire de cette région de l’estuaire maritime du Saint-Laurent.
Le marais est reconnu depuis longtemps comme habitat faunique en tant qu’habitat du rat musqué et en tant qu’aire de concentration des oiseaux migrateurs (ACOA).
Le marais est utilisé pour quelques activités saisonnières qui ne présentent pas de danger pour la survie ou l’intégrité du milieu. En automne, il y a présence de quelques chasseurs, mais leur nombre est limité et leur présence est restreinte à quelques semaines, voire un mois. Durant l’hiver, la pêche blanche est pratiquée à l’embouchure du marais par la population locale. Jusqu’en 2018, le Parc Nature de Pointe-aux-Outardes opérait en été un circuit touristique en zodiac dans le chenal du marais afin de faire découvrir aux touristes ce dont regorge le marais.
Il y aussi eu d’autres types d’usages anthropiques qui ne sont plus pratiqués de nos jours. Comme ce fut le cas ailleurs dans le Canada Atlantique, le haut du marais a été utilisé en tant que pâturage, plus spécifiquement destiné aux moutons. D’ailleurs, de l’orge qui y a été planté à cette époque est toujours présent sur place. Aussi, des passerelles ont déjà été construites afin de fournir un accès au lieu d’embarquement pour les visites en zodiac, mais les glaces hivernales ont emporté les structures qui n’ont pas été réinstallées par la suite. Finalement, des canaux ont été creusés dans le bas marais afin de drainer le marais.
Le Râle jaune est un tout petit oiseau nocturne qui tire sa subsistance des marais d’eau douce et salés. D’ailleurs, il s’agit d’une espèce désignée menacée en vertu de la Loi sur les espèces menacées et vulnérables. De plus, en novembre 2009, le Râle jaune a été désigné « espèce préoccupante » par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada. Le Râle jaune est protégé en vertu de la Loi de 1994 sur la Convention concernant les oiseaux migrateurs, laquelle interdit d’avoir en sa possession un individu ou son nid, ainsi que par la Loi fédérale sur les espèces en péril.