Les dunes de sable, la plage et les battures sablonneuses sont trois écosystèmes distincts mais très liés. Grâce au mouvement continu des marées, la mer recharge la batture et la plage en sable durant le printemps et les décharge à l’automne. Les modes de vie humains causent le déséquilibre de ce phénomène et engendrent des problèmes d’érosion des berges : une partie du littoral côtier est emportée chaque année. La plage n’étant plus protégée, elle recule d’année en année, grignotant les dunes de sable.
La plage du Parc Nature est majoritairement composée de sable fin. À l’est, elle s’étend jusqu’au niveau du premier stationnement, donc à l’entrée du parc. Vers l’ouest, elle forme avec les dunes une flèche littorale qui s’avance dans l’estuaire de la rivière aux Outardes tout en protégeant son vaste marais salé de l’énergie des vagues .Le haut de plage est boisé vers l’est. La pente de la plage est relativement faible. À marée basse, une très vaste batture se découvre pouvant atteindre jusqu’à 4 km vers le large lors des basses mers inférieures de grandes marées (BMIGM).
Le littoral de l’estuaire et les zones infralittorales abritent environ 70 espèces de plantes de bord de mer, soit 20 espèces d’algues vertes, 30 d’algues brunes et 23 d’algues rouges. La péninsule de Manicouagan comprend un herbier d’envergure (14,63 km2), qui est le plus grand de la Côte-Nord (Martel et al., 2009) et le troisième du système laurentien. Cet herbier est monospécifique, c’est-à-dire qu’il est composé d’une seule plante vasculaire, la Zostère marine. Ce dernier est réparti en trois secteurs distincts : la batture aux Outardes, la baie Saint-Ludger et la portion comprise entre les pointes Manicouagan et Lebel (Mark et al., 2010; Provencher et Deslandes, 2012). Selon les données récentes, la zostéraie Manicouagan serait toujours en croissance, contrairement à la tendance internationale de diminution des superficies de zostères.
De façon générale, l’estuaire maritime abrite de nombreux crustacés et mollusques. Le Buccin est un mollusque gastéropode abondant sur les fonds sableux de la zone infralittorale. On retrouve également le Couteau droit, la Littorine (Bigorneau), la Macome baltique, la Mactre de Stimpson, le Mesodesme arctique, la Moule bleue, le Pétoncle d’Islande, la Balane, le Bernard-l’ermite, le Crabe des neiges, le Crabe commun, la Crevette blanche, la Crevette grise de sable, les Gammares, les Mysis, le Dollar de sable, plusieurs espèces d’étoiles de mer, des concombres de mer, des vers marins et l’Oursin vert.
Les battures sablonneuses des rivières aux Outardes et Manicouagan, dont la largeur varie de 2 à 4 km, supportent la plus vaste communauté de Myes communes du Québec. Par endroits, on compte plus de 40 individus/m², et la productivité moyenne est d’environ 0,70 kg/m2, bien qu’elle puisse atteindre par endroits 0,8 kg/m2 près de Betsiamites (densités surpassant 100 individus/m²). Ce secteur est inclus depuis 2003 dans les limites de la réserve aquatique projetée de Manicouagan.
Le capelan, le lançon, l’éperlan, la grosse poule de mer et le hareng atlantique comptent parmi certaines des espèces de poissons qui y frayent. Il est intéressant de mentionner la présence passée –supposée – de frayères d’Esturgeon noir. La plupart des 13 espèces de mammifères marins qui fréquentent l’estuaire du Saint-Laurent y sont également observés.
Les principales activités récréotouristiques liées au milieu côtier sont associées au Parc Nature de Pointe-aux-Outardes. Sur la plage et les battures sont pratiquées la baignade, le kayak de mer (site du sentier maritime), l’observation des mammifères marins, l’ornithologie. Chaque année a lieu un festival de kitesurf, le « KiteFest ». La fréquentation de la plage est moyenne et se fait principalement de juin à septembre. Outre les activités du Parc, la collecte de mye commune est particulièrement intense sur la batture. Cette collecte se faisait autrefois à une échelle commerciale.
Le territoire est fréquenté, de façon saisonnière, par plusieurs espèces désignées en vertu de la Loi sur les espèces en péril du Canada et de la Loi sur les espèces menacées ou vulnérables du Québec. C’est notamment le cas du Béluga du Saint- Laurent (espèce menacée au Canada et au Québec), du Rorqual bleu (en voie de disparition au Canada et susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec) et du Rorqual commun (espèce préoccupante au Canada et susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec). On y observe également d’autres espèces considérées comme étant en péril par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC), dont le Bar rayé (espèce disparue mais réintroduite), la Morue franche (espèce menacée), le Marsouin commun (espèce préoccupante) et l’Anguille d’Amérique (espèce préoccupante).
En plus du Garrot d’Islande (espèce préoccupante au Canada et susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec), cinq espèces d’oiseaux en péril ont été signalées en périphérie de la péninsule et pourraient fréquenter le territoire de la réserve aquatique projetée. Il s’agit du Grèbe esclavon (espèce menacée au Québec), de l’Arlequin plongeur (espèce préoccupante au Canada, susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec), du Faucon pèlerin (espèce menacée au Canada, vulnérable au Québec), du Hibou des marais (espèce préoccupante au Canada, susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec) et du Râle jaune (espèce préoccupante au Canada, susceptible d’être désignée menacée ou vulnérable au Québec).